a) Les revenus du cyclisme
Le cyclisme d’aujourd’hui est grandement exposé à l’argent. Notamment au niveau des récompenses qui s’élèvent à 2,035 millions d’euros lors du TDF de 2014 dont 450 000 euros destinés au vainqueur. Ce prix fut fixé lors de l’édition 2006 et n’a pas bougé depuis. Nous pouvons quand même constater une très forte hausse du montant destiné au vainqueur car il était de 3.000 euros à l’époque de la première édition du TDF. Mais cela restait tout de même une somme importante à l’époque. Tout cela ne veut pas forcément dire qu’un coureur au sein d’un peloton n’a pas de chance de tirer de l’argent de cette course car il y a en place, depuis la fin des années 1940, des primes de résultats. Ce fonctionnement incite les coureurs à aider leurs coéquipiers à obtenir de bons résultats, quitte à sacrifier leurs propres chances. Notons tout de même que les cyclistes professionnels ne sont pas sur un pied d’égalité avec leur homologues car il subsiste de nombreuses différences de revenu entre coureurs. Cependant, les revenus perçut par les cyclistes sont bien moins élevés comparés à certaines sommes astronomiques perçut dans le milieu du football.
« Avec des revenus annuels estimés à 750 000 euros, le Français actuellement le mieux payé serait Sylvain Chavanel, selon le classement réalisé par l’Equipe Magazine en avril dernier. Et encore, il semblerait que ce montant ait été quelque peu sous estimé. « Les leaders des équipes, capable de monter sur le podium au Tour de France gagnent en moyenne un million d’euros », explique l’ancien coureur et président de l’organisation Cyclistes Professionnels Associés (CPA) Cédric Vasseur. Ce montant se décomposerait entre 700 000 euros de salaire fixe, et 300 000 euros de contrats d’images. Et c’est sans compter les contrats signés avec des sponsors, qui sont uniquement réservés à l’élite du peloton.
Derrière les leaders, arrivent les coureurs chevronnés capables de gagner de belles courses. « Au nombre de 3 à 4 par formation, ils touchent en moyenne 450 000 euros par an », souligne Cédric Vasseur.
De quoi faire rêver le reste du peloton. « Environ 30% des cyclistes professionnels touchent le salaire minimum fixés dans le cadre de l’accord paritaire. A savoir 33 000 euros par an pour les ProTour. Soit 2750 euros par mois », explique Cédric Vasseur.
Difficile dans ces conditions de préparer ses vieux jours. « La plupart du peloton vit de sa passion et n’arrive pas à mettre de l’argent de côté », confirme Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France. Or les cyclistes se retrouvent sur le marché du travail vers 30-35 ans pour beaucoup sans formation ni diplôme. » Ils deviennent, en général, professionnels vers 18 ans et ont pour beaucoup sacrifié leurs études. Ils sont jeunes et ne sont pas souvent convenablement conseillés, ce qui rend difficile leur reconversion et ne leur permet pas toujours d’économiser suffisamment pour l’après carrière », explique Cedric Vasseur, qui plaide pour un meilleur accompagnement des cyclistes.
Pour aider les coureurs, le CPA a d’ailleurs créée un fonds de solidarité, qui ponctionne 5% des primes gagnées lors des courses, et verse 12.500 euros aux cyclistes qui partent à la retraite. Un maigre butin, qui ferait sourire n’importe quel footballeur. »
Nous constatons qu’au sein du peloton, les revenus ne sont pas homogènes et donc des différences résidents et sont susceptibles de créer des inégalités. Car pour certaines équipes, il leur sera alors impossible de convoiter un meilleur cycliste si son coût est trop élevé. Nous pouvons également remarquer que certains cyclistes ne peuvent, tout simplement, pas vivre de leur métier. Mais pour leur venir en aide, la CPA a développé un fond de solidarité pour répondre aux problèmes des ses coureurs.
Mais ce n’est pas leur seule source de revenu, s’ajoute à cela de nombreuses et différentes primes liées au classement, qu’il soit général ou provisoire. Ils perçoivent aussi des primes lors d’ascensions de cols. Le maillot vert (meilleur sprinteur) et le maillot à pois (meilleur grimpeur) remportent 25 000 € chacun par exemple.
b) Le « sponsoring »
Définissons tout d’abord ce terme, le sponsoring sportif est un soutien financier ou matériel apporté à un événement, une fédération, une équipe sportive ou un sportif par un partenaire annonceur en échange de différentes formes de visibilité.
La marque utilisant le sponsoring sportif souhaite profiter de la visibilité de l’événement ou du sportif en termes d’exposition médiatique.
Dans le cas d’un événement sportif, cette visibilité est généralement obtenue par le biais de supports publicitaires plus ou moins classiques ou conventionnels.
Pour une équipe ou un sportif, c’est souvent les tenues vestimentaires et accessoires qui vont servir de supports à la marque.
Dans le cadre du sponsoring sportif, l’annonceur cherche également à bénéficier d’effets d’image sur sa marque en fonction des valeurs associées au sport, à l’équipe ou au sportif bénéficiant de l’action de parrainage. L’action de sponsoring sportif est aussi utilisée et relayée en interne à des fins de cohésion et de motivation des salariés.
Lorsque l’action de sponsoring sportif se fait à destination d’une équipe ou d’un individu, elle comporte différents risques.
Elle peut comporter un risque d’image lié au comportement du sportif ou de l’équipe (par exemple problème de dopage ou de grève dans un bus).
Elle comporte également un risque plus ou moins fort en ce qui concerne les retombées médiatiques attendues. Ce risque est notamment lié à la « glorieuse incertitude » du sport. Entre un marin qui démâte quelques heures après le départ et celui qui mène la course de bout en bout et qui arrive en plein journal de 20H.
Au sens strict, le sponsoring sportif se distingue du mécénat sportif. Celui ci est devenu extrêmement présent dans le sport de haut niveau.
Le sponsoring est fondamental pour le bon fonctionnement du Tour de France car il repose uniquement sur cette source de financement. Nous pouvons constater que les droits audiovisuels constituent environ 60% des recettes mais ajoutons à cela le grand nombre de partenariat, la recette totale s’élève tout de même à 150 millions d’euros.
Ce modèle économique est particulièrement atypique dans le domaine sportif car premièrement :
– Le cyclisme ne repose sur aucun système de billetterie car les épreuves sont ouvertes au public d’où la réputation de spectacle à ciel ouvert.
-Les droits de retransmission télévisuelle des grandes épreuves sont captés par les organisateurs et non par les instances fédérales ou internationales, ni même par les équipes participantes.
– Il n’existe pas d’indemnités de transferts de coureurs comme c’est le cas au football pour des sportifs sous contrat.
Dans ces conditions, les équipes de vélo ne disposent pas de recettes en provenance de transferts, de droits TV ni même de subventions publiques. Leur budget ne repose que sur le sponsoring, c’est-à-dire des partenariats limités dans la durée.
L’une des seule et unique chose dont un sponsor est certain avant le Tour de France, c’est le nombre de zéros qu’il aligne sur son chèque à ASO (Amaury sport organisation), la société propriétaire de l’épreuve. Le retour sur investissement est, lui, plus aléatoire. Il peut par exemple dépendre… de la météo.
Lors de l’arrivée sous le déluge en Zélande, dimanche 5 juillet, Vittel a dû renoncer à sa célèbre arche gonflable marquant le dernier kilomètre, qui menaçait de s’envoler. Mais Vittel, qui figure avec LCL, Carrefour, Skoda et Krys dans le club très fermé des cinq partenaires majeurs, n’a pas à se plaindre du destin. En 2013, un autocar resta bloqué longtemps sous le portique d’arrivée, au nez des caméras du monde entier, qui ont passé la scène en boucle durant des jours. Mais ce n’est pas la seule publicité présente notamment avec les prestigieux maillot distinctif présent sur le tour. Mais attention, le ticket d’entrée pour le club des cinq est énorme, entre trois et cinq millions d’euros selon la valorisation du partenariat. La fourchette est haute pour les deux tuniques les plus prestigieuses, la jaune (LCL) et la blanche à pois rouge de la montagne (Carrefour), moyenne pour la verte du classement par points (Skoda) et basse pour la blanche du meilleur jeune (Krys).Cette somme ne couvre que le droit d’entrée et il faut remettre la main au porte-monnaie pour financer les frais d’organisation de la caravane, l’accueil des sponsors, le stand sur le village départ, les panneaux publicitaires le long du parcours.
Mais nous pouvons nous demander si ce cela est rentable et combien cela coûte:
« En sponsoring, on considère que si on achète un droit de présence sur un événement, il faut ensuite rajouter un euro à celui qu’on a investi », explique Rodolphe Boulinguez, responsable sponsoring de la Française des Jeux. Ce qui mettrait la barre autour de 10 millions pour LCL, aussi discret sur le sujet que les autres partenaires majeurs. « Nous avons pris un engagement de confidentialité avec ASO », explique Jean-Pierre Champion, patron de la coopérative d’opticiens Krys, qui s’est offert cette année le maillot blanc.
« L’important est moins ce que ça coûte que ce que cela peut rapporter », complète l’industriel, qui compte sur le Tour pour gagner des points en notoriété spontanée. Ses services mesureront après le Tour, par sondage, le pourcentage de Français capables de citer spontanément en première place sa marque parmi les autres marques d’opticiens. Au-delà de 4% gagnés, l’opération est rentable et vaut une grande campagne publicitaire télévisée.
Et après les maillot distinctif il y a aussi les caravane et les « limousine rouge »
« C’est un jeu, on ne peut gagner à tous les coups », souligne Sébastien Auguin, patron du marketing de Skoda, sponsor du maillot vert, par ailleurs très visible sur la route avec 200 voitures prêtées à divers partenaires, dont les limousines rouges de direction de course qui crèvent l’écran. « Nous considérons que chaque euro investi doit nous apporter le double en retombées et, croyez-moi, on y est largement », poursuit Sébastien Auguin qui ne cache pas sa satisfaction.
Un enthousiasme partagé par l’ensemble des 40 partenaires ou fournisseurs, qui ont choisi d’offrir une prestation, comme Orange, qui assure le suivi téléphonique de l’organisation. Ou d’investir un peu moins d’un million d’euros sur la caravane comme Cochonou, fidèle au Tour depuis près de vingt ans, voir le double comme le groupe Teisseire-Fruit Shoot, présent avec deux marques de sirop et jus de fruit. « Juillet est notre meilleur mois de ventes et elles augmentent nettement à cette période depuis notre première participation, il y a six ans », confie Charlotte Riou, responsable sponsoring. Tout comme certaines étapes les caravanes sont devenu mythique
« C’est la magie du Tour et elle est incomparable, poursuit Philippe Audry, patron de In-Yellow, une agence de sponsoring spécialisée dans le cyclisme. Pour les sponsors, le tour, c’est l’accès garanti aux 12 millions de personnes qui bordent la route. » Cette tapageuse chenille publicitaire qui s’étire sur trente kilomètres est selon les enquêtes aussi attirante pour les spectateurs que la course elle-même.
Inventée il y a près de 80 ans, par Henri Desgranges, le directeur du Tour de l’époque, la mythique caravane du Tour est un espace publicitaire pour les marques avant d’être un divertissement pour le public. Chaque année, des millions d’échantillons sont distribués le long des routes de France. Des casquettes aux bouteilles d’eau en passant par le saucisson et les bonbons, tout y passe. Avec 12 millions de spectateurs en moyenne chaque année au bord des routes, les marques présentes réalisent une très belle campagne de promotion. Pour figurer parmi les 37 marques présentes dans la caravane, il y a deux solutions. Pour les partenaires officiels du Tour comme LCL, PMU, Skoda ou encore Vittel, la présence dans la caravane est incluse dans le contrat de sponsoring, elles ne payent donc rien en plus. Pour les autres marques, il faut payer 37 000 euros pour avoir quatre véhicules dans la caravane et 6 300 euros pour chaque véhicule supplémentaire. Tout cela a bien changé depuis le commencement lorsqu’à l’époque Henri Desgranges avait imaginé ce moyen pour sortir de l’emprise des marques de vélo qui finançaient sa course jusqu’alors. Près d’un siècle plus tard, elle rapporte à ASO 40 % de ses recettes sur un Tour de France. Le reste provenant de la vente des droits télé (50 %) et des rétributions des villes payant pour accueillir une arrivée ou un départ (10 %).
Tout cela contribue à l’excellente santé financière du Tour de France avec un chiffre d’affaire qui s’élève à environ 150 millions d’euros.
c) Le budget des Équipes
Ci-dessous le tableau complet ressassant leur budget et leur pays d’origine (édition 2015):
Équipe
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Pays
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Budget
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1. Team Sky
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Angleterre
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20M €
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2. BMC Racing Team
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États-Unis
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18M €
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3. Astana Pro Team
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Kazakhstan
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16M €
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4. Etixx-Quick Step
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Belgique
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15M €
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5. Trek Factory Racing
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États-Unis
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15M €
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6. Team Katusha
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Russie
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14,5M €
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7. AG2R La Mondiale
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France
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14M €
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8. Team Lotto NL-Jumbo
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Pays-Bas
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14M €
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9. Tinkoff-Saxo
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Russie
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14M €
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10. Orica Greenedge
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Australie
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12,5M €
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11. Lotto Soudal
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Belgique
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12M €
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12. Équipe FDJ
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France
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12M €
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13. Iam Cycling
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Suisse
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9,5M €
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14. Cofidis
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France
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9,5M €
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15. Team Cannondale-Garmin
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États-Unis
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9M €
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16. Team Giant-Alpecin
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Allemagne
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9M €
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17. Movistar Team
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Espagne
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9M €
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18. Lampre-Merida
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Italie
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8,5M €
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19. Team Europcar
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France
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7,5M €
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20. Bora-Argon 18
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Allemagne
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7M €
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21. MTN-Qhubeka
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Afrique du Sud
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4M €
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22. Bretagne-Séché Environnement
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France
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3,5M €
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Après avoir constaté le budget des équipes, nous allons nous pencher sur une interview de Yvon Breton, directeur général délégué de l’assureur AG2R La Mondiale, qui explique pourquoi cela vaut toujours le coup de sponsoriser une équipe cycliste sur le Tour de France, malgré les affaires de dopage. (Propos recueilli au cours de l’année 2013)
Car avant d’être le nom d’une équipe cycliste professionnelle, AG2R La Mondiale est un groupe d’assurance de 8.000 salariés et 9 millions de clients, qui a collecté 16,6 milliards d’euros en 2012, pour un résultat de 327 millions. Mais dans le cœur des Français, la marque évoque surtout les pentes estivales du Tour de France, les sprints de Jean-Patrick Nazon, les épopées solitaires de Laurent Brochard, Cyril Dessel et Christophe Moreau…
Pour s’afficher sur les télévisions du monde entier pendant trois semaines en juillet via son équipe de vélo, l’assureur débourse 10 millions d’euros par an. « C’est davantage un investissement qu’une dépense », corrige Yvon Breton, directeur général délégué et « Monsieur sponsoring sportif » du groupe. Car, malgré les affaires de dopage, le Tour reste un événement médiatique « hors norme », aux retombées colossales.
Question du journaliste :
Quand on entend AG2R La Mondiale, on pense immédiatement au cyclisme. Mais pas assurance paritaire et mutualiste. Ce n’est pas un problème ?
Cela fait 16 ans que nous sommes dans le cyclisme. Cela nous a beaucoup aidés, en termes de visibilité et de notoriété. Nous sommes désormais bien identifiés comme un assureur de personnes engagé dans le sport – nous sommes dans la voile aussi, depuis 20 ans. Ces deux sports ont deux avantages: ils sont accessibles gratuitement pour le grand public et ils garantissent la citation de votre marque. Pour autant, le sponsoring sportif ne suffit pas à nourrir le contenu de la marque. Il y a 7 à 8 Français sur 10 qui connaissent notre nom aujourd’hui, sans pour autant identifier tous nos métiers.
Question du journaliste :
Il faut donc accompagner cette visibilité par d’autres actions de communication ?
Oui, nous avons par exemple un partenariat avec ASO, sur toutes les courses qu’ils organisent, dont la cerise sur le gâteau est le Tour de France. C’est un événement hors norme qui touche 4 milliards de téléspectateurs. Sur le bord des routes, il y a 12 à 15 millions de personnes. Nous aurons six motos à nos couleurs qui suivent la course – on les voit beaucoup à la télévision. Nous faisons également des opérations de relations publiques dans des conditions privilégiées: nous invitions 1.000 personnes, des clients ou des prospects, sur les villes de départ et d’arrivée. Le but, c’est aussi de faire du business. Et pour le grand public, nous renouvelons le dispositif « Roulons solidaires »: nous installons des vélos fixes dans notre espace itinérant au départ ou à l’arrivée de chaque étape du Tour où nos concitoyens sont invités à pédaler. Chaque kilomètre parcouru se transformera en un euro versé à l’institut Pasteur.
Question du journaliste :
Combien ça vous coûte tous les ans de sponsoriser une équipe professionnelle de cyclisme? J’ai vu le chiffre de 9 millions d’euros…
C’était 9 millions l’année dernière. Cette année, nous sommes passés à 10 millions d’euros – le budget global de l’équipe, avec les contributions des autres partenaires, atteint 11 millions. Nous avons décidé de renforcer l’équipe pour avoir des résultats plus significatifs. L’un de nos espoirs, c’est Carlos Betancur, un Colombien de 22 ans que nous venons de recruter. Il a terminé cinquième du Tour d’Italie le mois dernier (et meilleur jeune, ndlr). Il ne va pas faire le Tour de France, il est jeune, nous voulons le préserver. Mais il devrait faire la Vuelta (le Tour d’Espagne, ndlr) au mois d’août.
Question du journaliste :
10 millions d’euros, c’est cher. Pour ce prix-là, vous pouvez vous payer le maillot de l’Olympique de Marseille pendant une saison…
Vous avez raison. Je n’ai rien contre le foot, mais la citation de la marque n’existe pas de la même façon que dans le cyclisme. En plus, avec les courses de vélo, on passe partout en France, on sort même des frontières. Cela nous permet d’avoir plus de proximité avec nos clients, d’aller au-devant de nos partenaires. C’est plus adéquat. Et puis, ces 10 millions c’est davantage un investissement qu’une dépense…
Question du journaliste :
Quelles sont les retombées économiques de votre engagement dans le cyclisme?
D’après les enquêtes que nous avons menées, il y a eu, l’an dernier en France, 3,5 milliards de contacts avec la marque. C’est comme si nous avions acheté pour 58 millions d’euros d’espaces publicitaires, à la télévision, dans les journaux, à la radio ou sur internet. Le sponsoring sportif nous donne des moyens que nous n’avons pas: notre budget de communication, c’est 15 millions d’euros par an. Les deux tiers vont dans le cyclisme et la voile.
Question du journaliste :
Qu’est-ce qui vous coûte le plus dans le budget? Les salaires des coureurs?
Oui, la masse salariale, charges comprises, représente les deux tiers du budget. Attention, il n’y a pas que les coureurs. Notre équipe est une petite entreprise d’une cinquantaine de personnes, dont 29 coureurs. Il y a aussi l’encadrement technique et médical, le personnel administratif, etc.
Question du journaliste :
Le contrat court jusqu’à quand?
Jusque fin 2014. Nous ferons un bilan au début de l’année prochaine pour savoir si nous continuons. Mais, pour l’instant, je n’ai aucun clignotant qui m’invite à tourner le dos au cyclisme.
Question du journaliste :
Même pas les affaires récurrentes de dopage? Il y a un mois, vous avez licencié un de vos coureurs, Sylvain Georges, qui s’est fait prendre sur le Giro…
C’est une grave erreur de sa part. La décision a été immédiatement prise de le renvoyer en respectant les procédures légales. Nous voulions adresser un message à nos coureurs, au grand public et au monde du cyclisme. L’effet du dopage sur notre image de marque, c’est évidemment un point que nous surveillons avec une extrême vigilance dans nos enquêtes. Si nous en sommes à notre 17ème Tour de France, c’est que les effets négatifs sont bien moindres que les effets positifs. Les valeurs que le grand public associe à AG2R La Mondiale sont la performance, la solidarité et la proximité. Pour un assureur de personnes, c’est plutôt bien.
Question du journaliste :
Cela veut dire que, pour une entreprise, il y a toujours plus à gagner qu’à perdre dans le fait de sponsoriser une équipe sur le Tour?
Franchement, il n’y a pas photo. Les gens ne sont probablement pas dupes de ce qui passe parfois, mais ils sont toujours aussi nombreux sur les routes.
Question du journaliste :
Votre leader est depuis 2011 Jean-Christophe Péraud, 36 ans, qui était ingénieur chez Areva avant de passer pro sur le tard. C’est un des meilleurs Français, mais il n’est pas très connu. Comment allez-vous faire pour le rendre aussi célèbre que Thomas Voeckler?
Voeckler a eu le mérite de porter le maillot jaune, ça aide beaucoup pour la notoriété. En 2009, chez nous, Rinaldo Nocentini, un Italien, l’a porté neuf jours – en plus, c’est un beau gosse, très sympa. Cette année-là, nous sommes montés à 93 millions d’euros en équivalent d’achat d’espaces publicitaires.
Question du journaliste :
Péraud a fait 9ème sur le Tour en 2011. Quel est votre objectif cette année?
Qu’il finisse dans les dix premiers. Nous avons bâti une équipe – 100% française – pour l’aider là où il est le plus fort, en montagne. A côté, nous avons deux ou trois baroudeurs, dont l’objectif est de gagner une, voire deux étapes.
Question du journaliste :
Pour le sponsor, c’est mieux de gagner une étape ou de prendre le maillot jaune?
Le mieux, c’est de prendre le maillot jaune en gagnant une étape, et que notre coureur soit encadré par deux motos à nos couleurs (rires) !
Question du journaliste :
Souvent, pendant les étapes, il y a des coureurs qui s’échappent, roulent 150 kilomètres tout seuls mais se font rattraper à 20 kilomètres de l’arrivée par les équipes de sprinteurs. A la fin, ils n’ont pas gagné, ils sont exténués mais ils sont quand même contents parce que, disent-ils, ils ont « montré le maillot ». C’est vous, sponsor, qui leur demandez de se sacrifier ainsi?
Le premier objectif inscrit dans le contrat de parrainage avec l’équipe est de donner la meilleure image de notre marque. Ce qui veut dire mouiller le maillot pour le montrer à la télévision. Si on peut gagner, c’est la cerise sur le gâteau, ça nous donne une visibilité extraordinaire. Après, les consignes sportives émanent du directeur de l’équipe, Vincent Lavenu. Nos exigences majeures sont d’être vertueux avec l’équipe et mettre en exergue nos valeurs.
Tout d’abord, nous constatons que le fait que l’entreprise AG2R la mondiale ait une équipe présente sur le tour depuis 16 ans et parallèlement sur les épreuve de Voile depuis 20 ans à permis de se faire un vitrine pour leur compagnie. Mais tout cela a un coût: 10 millions et pour autant Yvon Breton privilégie tout de même le cyclisme au football par exemple car il estime que le rayonnement du tour est plus élevé. Toujours d’après Yvon breton ; ce qui pèse le plus dans le budget est la masse salariale qui comporte les 29 coureurs et toute l’équipe nécessaire pour le bon fonctionne d’une équipe cycliste. Quand le journaliste l’amène sur la question du dopage il réplique dans un premier temps le fait que le coureur concerné fut licencié et dans un second temps, il explique que le dopage causerait bien plus d’inconvenant que d’avantage car l’image de l’entreprise AG2R auprès du grand public ne doit pas être associé à des valeurs autres que la performance, la solidarité et la proximité, ce qui est tout en accord avec un assureur d’individus et malgré cela, sponsoriser une équipe est extrêmement bénéfique pour une entreprise. Notons aussi que le fait qu’un coureur de l’équipe endosse le maillot jaune ne serait-ce qu’une semaine permet d’augmenter la notoriété d’un coureur et ainsi la visibilité de l’équipe mais il faut ainsi dire que cela « fait partie » du contrat et ils sont donc en quelque sorte contraint de mouiller le maillot pour donne une bonne image de la compagnie pour reprendre les mots de Yvon breton.
Donc cette interview nous montre l’intérêt et le budget nécessaire d’une entreprise pour que son équipe puisse prendre part au Tour de France et elle nous démontre encore une fois la demande de résultats au sens ou il faut montrer le meilleur profil de l’équipe pour que l’entreprise qui est « derrière » puisse bénéficier de l’image préalablement créée.